Nice-Briançon 2003



Nice-Briançon, qu'est-ce que c'est?
Deux villes, allez-vous répondre...
En effet. Mais pour moi, c'est désormais plus que cela, ça restera à jamais le souvenir de sept jours inoubliables passés sur des skis de randonnée, dans des conditions exceptionnelles (grand soleil)! Aujourd'hui je suis à Edimbourg pour le boulot mais le périple n'est pas fini, les valeureux skieurs se rapprochent de l'objectif je pense! Moi j'ai été contrainte d'abandonner l'aventure à mi-chemin, alors qu'on atteignait l'Ubaye et le gîte civilisé de Larche. Ce fût on ne peut plus douloureux, mais je reste en pensée à gambader dans les montagnes sauvages, et je me suis consolée en explorant les collines écossaises!




Mais qui sommes-nous donc?

Déjà, il y a le "chef", Nico, qui a bien assuré son poste plein de responsabilités. Escalader les cabanes pour rentrer par la fenêtre et nous ouvrir le logis, faire chauffer le thé pendant la traditionnelle farniente au soleil de l'après-midi, réparer mon matos plutôt défaillant sur cette affaire (euh... une chaussure décollée, deux rondelles de bâtons cassées...), mais il a avant tout assuré "comme un chef" (c'est le cas de le dire!) pour l'itinéraire, la trace aux endroits délicats, la nivologie, la sécurité, et j'en passe... D'ailleurs, allez donc jeter un coup d'oeil à sa page web, vous y trouverez tous les détails sur l'itinéraire, son compte-rendu du raid, et encore plein d'autres surprises...

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Sam, je ne le remercierai jamais assez de m'avoir invité à prendre part à cette aventure. Copain d'enfance (ça fait plus de 20 ans qu'on se connaît!), il est maintenant exilé au Mans, loin de nos montagnes. Heureusement que les vacances sont là pour se rattraper, n'est-ce pas? Distributeur émérite de fruits secs à chaque pause, et grand manieur de la pelle, obligatoire pour dégager les fenêtres des cabanes, on n'oubliera pas son coli-surprise, gentiment préparé par sa maman, qui a délecté nos palets à Larche!

Ariane, autre présence féminine, est originaire de Nice. Vous faites le rapprochement? Et oui, elle a inspiré l'idée de ce raid pour rallier sa ville d'origine à sa ville actuelle, Grenoble! (Briançon c'est pas très loin). Elle est capable de pointes de vitesse surprenante pour atteindre les sommets au plus vite, quand ses fixations ne font pas des siennes... Car là rien ne va plus! Autrement, c'est la pêche d'enfer et quand même un sacré appétit quand il n'y a pas la crainte de porter un sac trop lourd!

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Seb, c'est le copain d'Ariane. Il a bien rentabilisé l'achat récent de skis, c'est quand même moins lourd, et bien cool d'avoir les cales de montée sur les deux skis, non? Toujours volontaire pour la corvée d'eau, il n'oublie pas de concourir au jeu des plus mauvaises blagues, et on le reconnaît aisément à l'odeur de ses pieds! (mais non je rigole, on était tous dans le même état je crois!) Attention aussi à ne pas confondre Seb et Sam, ça se ressemble!

Arnaud l'aventurier est le dernier venu dans le raid, d'ailleurs on attend toujours son fameux gâteau, promis pour le premier jour du raid et dont on n'a jamais vu la couleur! En tout cas, il m'a impressionné par son courage pour marcher avec des pieds dans un de ces états! Aie j'ai mal rien que d'y penser! En tout cas, la bonne humeur ne l'a jamais abandonné, on a eu droit au taf de blagues, jeux, ... Et, au fait, on est parti d'où déjà??!!

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Et enfin me voici me voila, Anne, loin d'eux tous, profitant du soleil écossais (plutôt de ma chambre d'hôtel, on va être honnête) pour écrire ces quelques lignes! Je ne vais tout de même pas me décrire! Décrivons plutôt les moments forts de cette fabuleuse aventure...




Les moments forts

Samedi 8 mars 2003.
C'est le jour du grand départ! Déjà, de bon matin (vers 7h) à Grenoble, il faut s'entasser dans la voiture de location, les coques au pied, les skis enfournés au milieu, et les sacs sur les genoux! Ça rentre, ouf! Ensuite, c'est le mémorable petit train des Pignes, qui nous emmène dans la vallée du Var depuis Digne. On fait un peu le groupe d'extra-terrestres, le paysage est splendide, le compteur du train aux alentours de 60 km/h fort antique, et le pique-nique sympathique (quelle rime!). En attendant le bus qui n'arrive pas à Plan-du-Var, on teste le stop sans grand succès avec Ariane. A son premier essai, Seb fait venir un bus, puis notre bus! Ouf, il était temps! A Saint-Sauveur sur Tinée, c'est l'heure de l'apéro (il est environ 16h): binouze, ricard? On retrouve en effet le papa d'Ariane qui est gentiment venu nous chercher pour nous conduire au col de la Couillole où l'on mettra enfin les skis au pied. Première étape mémorable, montée au soleil couchant sur une chouette crête, je décolle la semelle d'une chaussure puis c'est Ariane qui sème un bout de la sienne dans la descente, et qui remonte vaillamment le rechercher. Ouf, il est retrouvé! La descente se termine donc à la frontale, dans de la neige pas terrible du tout (j'ai rarement aussi mal skié, si on appelle ça du ski!). Le refuge de Vignols, dont les clés ont été gentiment prêtées par le papa d'Ariane, nous tend les bras. Il est luxueux et confortable, on est encore bien près de la civilisation!

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Dimanche...
... sera marqué par l'ascension du Mont Mounier. Petit coup de barre pour ma part, récompensé par une vue formidable, une descente que j'ai bien appréciée malgré une rondelle de bâton en moins, grâce au sympathique petit raidillon du départ. Le moment le plus attendu de la journée reste cependant la découverte de la bergerie de "sale vieille" où l'on doit passer la nuit. Ouf, on trouve des matelas et 3 couvertures (une pour deux), la fameuse "doudoune du berger", la bouteille de Ricard dont Sam va largement abuser, et on arrive à calfeutrer quelques trous dans les murs à l'aide de neige! Finalement, c'est une excellente soirée qui s'annonce! On fait même un petit feu de joie pour brûler quelques déchets. En tout cas, la purée roquefort-jambon (parfumée au Ricard), elle était terrible!

Lundi,
c'est une rude journée qui s'annonce. Au programme, une immense traversée et puis l'ascension de la Cime de Pal. Bref c'était vraiment optimiste, surtout qu'on n'a pas entendu le réveil (comme quoi elle était géniale pour dormir cette bergerie). Bref on décide sagement de couper l'étape en deux en arrivant au pied de la Cime de Pal, ça permettra de mieux en profiter le lendemain! Etape marquée par quelques traversées tumultueuses de ruisseaux, un "blâme" à notre chef qui nous fait monter pour redescendre pour rien (mais si, c'était joli!), et surtout la magnifique ascension du Triboulet au coucher de soleil! Splendide! Dodo dans une chouette maison forestière, même si on est encore un peu à l'étroit et cerné par l'anti-rat, les conditions vont en s'améliorant (moi je crève de chaud).

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Mardi,
ben on achève l'étape précédente, première utilisation des crampons/piolet pour gravir un petit couloir qui nous amène sur la crête entre le Bolofré, la pointe de l'Echaillon et la cime de Pal. On ne se décourage pas, on enchaîne les trois sommets et un joli pique-nique sur un joli col après avoir bien poussé sur les bâtons. La descente au refuge de Gialorgues se fait sans souci. Ici, ya du boulot pour dégager porte et fenêtres, on s'y attelle ça devient la routine! La soirée est surtout marquée par une remarquable "soirée cabaret", idée lancée par Arnaud. On a ainsi droit au jonglage d'Arnaud, à Sam le cracheur de feu, Seb qui tient des objets sur un doigt, mes petits tours de cartes, et surtout l'inoubliable "bozo-bozo" (je ne sais pas comment ça s'écrit) de Nico. Seule Ariane se dégonfle, et on ne verra finalement ni le streap-tease, ni les acrobaties! Dodo dans la cuisine pour certains, dans un dortoir sympathique pour les autres!

Mercredi,
étape avec peu de sommets mais surtout de superbes descentes inoubliables dans une neige de rêve! Les cols sont chouettes, on constate juste l'inefficacité des peaux usées et des skis paraboliques du chef qui est obligé de mettre les couteaux, et on aperçoit quelques chamois dans des couloirs qui donnent à rêver. Un peu de vent qui raccourcit les pauses, ce qui fait qu'on arrive de bonne heure à Bousieyas où notre premier dépôt nous attend. Ça valait la peine, on se bat bien pour le quatre-quart et le saucisson, on a droit à des bonnes soupes, de la bonne tome, et le refuge est super, même si on est en manque de fenêtres à déblayer. C'est une sorte de retour progressif vers la civilisation! Du coup on a droit à la sieste, pieds au chaud et tête au soleil, que rêver de mieux! A noter la rencontre impromptue avec un renard qui fiche un peu la frousse à certains (n'est-ce pas Sam), mais il est plutôt civilisé. Pour ne pas rompre avec les soirées animées, on a droit à des jeux d'ombres chinoises par Ariane, et Arnaud nous apprend le jeu du singe, et se transforme rapidement en singe sans trop de mal!

bientôt des photos!

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Jeudi,
c'est reparti direction la civilisation, malgré le beau temps initialement annoncé par la météo ça s'avère plutôt médiocre en fin de compte... Après une grande descente à peaux (aie aie...) on décide de remettre la Tête de l'Enchastraye à un autre jour et des cieux plus clément. C'est donc le Pas de la Cavale que l'on grimpe vaillamment, crampons au pied, sans oublier de planter le piolet bien au fond des trous n'est ce pas Nico?! C'est sublime, on a même une pointe de beau temps au sommet et on tente la tête dont je ne me souviens pas le nom. Conditions nivo vraiment pas top, on a droit à un cours sur les gobelets, et on renonce sagement à notre objectif pour se rendre directos à Larche. Entraînement intensif au pas du patineur sur les pistes de ski de fond (y'en a des kilomètres!), ouïe ouïe j'ai des progrès à faire! Surtout je ne veux pas arriver trop vite, profiter des derniers instants qu'il me reste à passer sur les skis... Larche arrive, avec le dépôt, les douches, les crêpes, le choix de l'itinéraire pour la suite. Snif alors, et moi je dois rentrer!

Vendredi,
c'est là que j'adresse un immense merci à toute la troupe, qui par suite du choix de l'itinéraire, décide de faire une journée "de repos" le vendredi, constituée d'une course en aller-retour à la Tête de Sautron. Les courageux acceptent de mettre le réveil à 4h du matin pour que je sois rentrée à temps pour mon bus, on monte à la frontale pour commencer, puis on termine en admirant le magnifique lever du soleil. On est les premiers en haut, c'est splendide même si mon nez est un peu gelé et si on doit redescendre sans trop tarder. Bref passage en Italie, vue sans pareil, descente sympathique même si ça gagnerait à attendre un peu (c'est encore un peu dur par endroit), bref le retour sera d'autant plus dur, je le pressens déjà avec une pointe de nostalgie! Merci à Nico qui me raccompagne en bas pendant que les autres attendent que la neige se ramollisse un peu et en profitent pour monter un petit couloir. Ce fut vraiment une journée splendide, inoubliable. De retour à l'heure, j'entasse le linge sale de chacun dans mon gros sac à dos, et puis j'enchaîne taxi, bus, train, marche à pied, tout ça pour me retrouver dans mon petit appartement, loin de la neige et de la joyeuse bande de skieurs. Pas le temps de chômer, répétitions qui s'enchaînent, à 22h30 je suis raide morte et trouve mon lit avec plaisir! C'est la fin pour moi!

bientôt des photos!

Le bilan de tout ça, vous vous en doutez, c'est que cette semaine restera pour moi un grand moment, bref 7 jours de bonheur alors que les bombes s'apprêtent à ravager l'Irak... Je n'oublierai pas le gypaète barbu, le bozo-bozo, la bergerie de sale vieille, les loups du Mercantour que l'on a ni vu ni entendu, et puis mince je ne peux pas répéter tous les points forts en quelques lignes! En tout cas, la leçon que j'en tire c'est que c'est vraiment trop dur de devoir arrêter une telle aventure en plein milieu alors que les autres continuent. Mais me voici de retour d'Edimbourg et j'ai eu mon poste pour l'an prochain, donc je n'ai pas perdu mon temps pendant que les autres skiaient encore! A bientôt pour de nouvelles aventures donc, peut-être en Ecosse! En attendant, demain je vais faire ma première sortie de ski de rando en famille depuis le raid, mes chaussures sont recollées, alors vite au dodo!


"Londres et Edimbourg, le 19 mars" et "Grenoble, le 22 mars".
Anne.


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